Craak fait la noix de Grenoble sous mon casse-noix. Deux beaux cerneaux à la chaire blonde et savoureuse se découvrent… Que vais-je faire de toi, jolie noix? Te croquer parce que j’aime ta fine saveur de pain frais. Te cuisiner, aussi, mais sans trahir ton goût unique…
Raconter un peu de ton histoire? Pourquoi pas?
La noix débarque en Gaule
Il se dit que les Romains auraient implanté le noyer en Gaule. Au gré des migrations et des colonisations, la noix serait donc partie de son berceau d’Asie mineure pour arriver en Grèce et à Rome. Il y a aussi des études sur des pollens fossiles qui montrent que le noyer était présent en France bien avant l’arrivée des Romains. Quoi qu’il en soit, c’est au cours des 5 siècles avant Jésus-Christ que le noyer se domestique sur notre territoire.
On retrouve des traces de sa culture durant l’époque Gallo-romaine dans le Dauphiné. Au XIXème siècle, des redevances sont acquittées en setiers de noix et au XIV et XV siècle, des châtelains font figurer dans leurs comptes des recettes provenant des récoltes de noix.
Le ver à soie et la vigne sont malades
Mais jusqu’au XIXème siècle, c’est encore la culture de la vigne qui prédomine en Dauphiné avec celle des vers à soie. Mais que se passe-t-il alors pour que le Dauphiné devienne la première région nucicole de France? La maladie du ver à soie et le phylloxéra!
Une filière s’organise
Suite de ces deux crises, des vergers de noyer, remplaceront les vignes. Les conditions de sol et de climat avec l’engagement des familles et de la communauté vers cette nouvelle culture rémunératrice feront le reste. Pour répondre au marché et à la demande croissante des pays anglo-saxon (Grande-Bretagne et Etats-Unis) et défendre la noix produite dans la région, les acteurs de la filière s’organisent et se regroupent.
L’AOC, Noix de Grenoble
En 1938, ils soumettent au parlement un projet de reconnaissance de leur produit qui donnerait aux acheteurs une garantie d’authenticité et de qualité. le 17 juin, l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) détermine les cantons et les communes qui ont le droit de la commercialiser, fixe les conditions de sa production et de sa vente.
L’aire d’appellation de la Noix de Grenoble s’étend le long des berges de l’Isère, sur un territoire allant des portes de la Drôme à celles de la Savoie et dont le coeur est le Sud-Grésivaudan. Elle couvre 259 communes sur 3 départements. On dénombre aujourd’hui un peu plus de 1000 producteurs pour 7000 hectares (dont 80% sont en Isère) de vergers soit de 10000 à 15000 tonnes de noix récoltées en fonction des années.
Franquette, Mayette et Parisienne
La noix de Grenoble est issue de 3 variétés: la Franquette, la Mayette et la Parisienne qui doivent leurs noms aux producteurs qui les ont fait fructifier. Chacune est adaptée aux différents terrains de la vallée de l’Isère.
- La Franquette, crée par Monsieur Nicoud-Franquet est de taille moyenne. Sa coquille allongée aux deux bouts est assez rugueuse, mince et résistante. C’est une noix qui supporte facilement les manipulations mécaniques. S’accommodant à toutes les expositions et à tous les terrains, on comprend qu’elle représente aujourd’hui 80% de la production.
- La Mayette que l’on doit à Monsieur Mayet de Poliénas fut considérée jusque dans la première moitié du XXème siècle comme la plus fine des noix. Ronde et d’assez grosse taille, on la reconnait à sa base aplatie qui lui permet de tenir debout. Cultivée principalement dans la région de Tullins-Poliénas, elle est sensible aux gels tardifs et a besoin d’une exposition chaude et abritée.
- La Parisienne, greffée par Monsieur Croizet-Paris de Vinay, est la moins estimée des trois et représente 12% de la production. Toute ronde, elle est adaptée aux versants plus frais et humides aux pieds du Vercors.
Début d’automne…
C’est un arrêté préfectoral qui fixe le début de la récolte (fin septembre-début octobre) lorsque le brou éclate et que les noix peuvent alors être ramassées. Une fois lavées, triées et séchées par séchage naturel su liteau ou séchage artificiel par ventilation d’air chaud et sec, elles sont calibrées. Franquette, Mayette et Parisienne ne seront Noix de Grenoble que si leur calibre atteint 28 mm de diamètre!
Ainsi, seul le fruit dans la coque détient l’AOC! Fabuleuse coquille qui garantit aux cerneaux toute leur fraîcheur et leur saveur. La noix ainsi protégée par sa coque de l’air et de la lumière reste riche en oméga 3, en phosphore, potassium et magnésium ainsi qu’en fibres.
Dégustation de la noix de Grenoble
La noix de Grenoble peut se déguster immédiatement après sa récolte. C’est la noix fraîche à la chair très blanche et légèrement amère que l’on pèle si l’on est très patient. Très fragile, il faut la la placer dans le bac du réfrigérateur et la consommer rapidement .
Bien sur, celle que l’on consomme le plus est la noix sèche que l’on conservera quand même à l’abri de la chaleur et de la lumière.
La noix verte est celle que l’on cueille à la Saint-Jean pour faire le vin de noix ou de la liqueur de brou de noix que l’on trouve chez beaucoup de dauphinois…
Nature ou cuisinée, la noix se savoure au petit-déjeuner ou au goûter, salée ou sucrée, on la rencontre de l’entrée au dessert. Mariée à des produits de son terroir comme le Saint-Marcellin ou le Morbier, on la sublime. Associée au café et à la cardamome, je la trouve extraordinaire…
#DANS ARTICHAUT ET CERISE NOIRE# la Noix de Grenoble
- Oeufs gratinés au Saint Maure de Touraine
- Topping pour yaourt
- Pita au bleu du Vercors, aux noix et à la roquette
- Tartelettes au Saint-Marcellin et poireaux
- Salade de panais rôtis au cresson
- Blondie aux noix
- Tarte fondante aux noix
- Gâteau aux noix et pépites de chocolat
- Granola aux noix et figues
- Smoothie à la crème de châtaignes et aux noix
- Sandwich Roquefort, noix et pomme
- Le dauphi-comtois burger
- Pain d’épice aux noix et coings
- Confiture de figues
- Dans mes livres avec le Gâteau au Roquefort, sarrasin et noix, le Gâteau de comté au panais et aux noix et enfin le Café-noix
- et 2 recettes pour Lesmondaines, le blondie et la tablette de sablés
[Source: La noix de Grenoble, La Noix de Grenoble: une vallée et des hommes, Le grand séchoir (Musée de la noix à Vinay)]
Ah la noix de grenoble, merci pour ces petits rappels !
Passe de bonnes fêtes miss.
Bises.
Emilie
Ho la la , je ne sais pas si je suis capable de reconnaître les différentes variétés de noix… En tout cas, j’en raffole, mais je n’ai jamais eu l’occasion de les goûter fraîches. Merci pour les idées de lecture, ça tombe bien, j’aime bien en apprendre un peu plus sur les terroirs et leurs beaux produits !