Le plaisir de cuisiner la mer

Print Friendly, PDF & Email

Mes grands-parents habitaient Maury. Ils ont eu l’heureuse idée, l’année de mes un an, d’acheter un appartement au bord de la mer à quelques kilomètres de chez eux. Ainsi, chaque été, je passais un à deux mois de mes vacances avec mes parents au Barcarès. Une station balnéaire assez classique du littoral du Roussillon avec son port, son village et sa plage. Des souvenirs merveilleux, la rencontre avec l’homme de ma vie. Nous avions 13 ans…

Maintenant, je n’y passe que quelques jours, toujours avec délice! Délice des papilles… J’aime imaginer mon arrivée  à Leucate. Là où l’on rencontre l’étang et que l’on devine la Méditerranée, où les Corbières croisent le Canigou, où l’odeur de la terre rocailleuse se marie à celles de la mer et de l’étang et que les parfums de la garrigue se mêlent à ceux des embruns. C’est la promesse de bons vins et de bons coquillages…

S’arrêter au grau qui relie l’étang  à la mer est très agréable. Les éleveurs d’huîtres, de moules et de palourdes proposent à la dégustation ou à la vente leurs coquillages. C’est au milieu des années 70 que que s’est implanté ce parc ostréicole qui compte maintenant prêt d’une trentaine  d’éleveurs. Les huîtres de Cap Leucate, élevées en suspension sur cordes, sont immergées en permanence dans les eaux et profitent pleinement de la richesse du plancton qui se développe grâce aux sels minéraux des sources de Salses se déversant dans l’étang. D’un vert profond, finement salées, leur chair est fine et délicate.

Pourquoi un délice, ces quelques jours? Parce que tous les matins, je m’en vais tranquillement au port de pêche. Là, les femmes de pêcheurs proposent sur leurs étales les poissons pêchés dans la nuit. C’est la criée sans cri. Les hommes finissent de vider les filets. Je me promène et observe les petites soles ou les belles daurades, les rougets et les maquereaux, les pageots et les petites raies. Parfois une lotte se prend dans les filets; très laide, elle est pourtant délicieuse. Là, ce sont des Murex, ici des seiches. Les trésors de la pêche côtière.

De temps en temps, on peut même trouver un petit pêcheur qui remonte quelques kilos d’anguilles. Les estivants regardent, les vieux barcarésiens discutent avec les matelots. Les chalutiers déchargent leurs sardines attrapées au lamparo. Les caisses de sardines sont prêtes à partir pour le mareyeur. Pas d’anchois, cette fois-ci! Chaque jour, j’achète un poison différent. Je le prépare très simplement, sans suivre de recette avec ce que j’ai sous la main dans cet appartement de famille. Une daurade cuite au four avec des pommes de terre, des filets de sardine marinés au citron, des murex en court-bouillon, des soles à la poêle, des maquereaux au vin blanc, une anguillade, des darnes de lotte au safran…

Les enfants me regardent écailler, vider, tirer les filets. Parfois, c’est mon père qui s’en charge. J’aime me rappeler aussi, les loups ou les grosses anguilles cuisinés par ma mère mais pêchés à la ligne en fin de soirée avec mon papa. L’attente, la clochette qui sonne, le poisson pris et remonté délicatement. Le retour ensommeillé et la satisfaction de cette pêche.

Quelle fraicheur et quelle délicatesse des chairs! Quel plaisir de regarder ces beaux poissons au couleurs magnifiques, aux écailles si précieuses! Des fois, j’aimerais habiter au bord de la mer…

8 commentaires

  1. Je n’ai personne au bord de la mer… Même pas une étoile, même pas une daurade familière… 🙁 Mais j’adore me retrouver sur une plage déserte, à écouter le bruit des vagues et des mouettes…

  2. J’ai souris du début à la fin, tu viens de faire un hommage magnifique à la région que je porte au plus profond de mon coeur, merci à toi! Je te suivais dans tes promenades que je reconnais si bien… J’aime assez peu les bords de plage l’été, trop de foule et même si c’est bête à dire, trop de tourisme, j’aime la mer au printemps à l’automne… Et je préfère vivre dans les terres vers Prades, vers le conflent, là où les champs de pêchers s’étalent à perte de vue, là où la nature s’amuse à tracer des orgues dans la roche, là où les châteaux pointent leur nez de forteresse… J’aime la douceur des nuages roses qui se posent le soir sur le Canigou et l’ombre des oliviers en été… Catalunya…

  3. hi, je vais depuis que je suis petite à Saint-cyprien, mes grands-parents ayant une maison dans les terres peu avant ma naissance. Pas fan du bord de mer, sauf de ton côté ou vers Banuyls. Côté poissons, on va plus vers Port-Vendres d’ailleurs. Et j’ai aussi de la famille dans les Albères… bref, tu l’auras compris, un peu comme toi je reviens pour voir la famille, mais j’ai délesté les plages où j’y ai passé toute mon adolescence ! et pourtant, ce ne sont pas les bons souvenirs qui manquent…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.